Presse

Tribune de Genève – 19.05.2012

Tribune de Genève – 08.11.2010

Baptême du feu pour le designer de cuisinières

On connaissait les designers de fauteuils pop et de bibelots excentriques. Les designers de logos rigolos et de luminaires futuristes. Constructeur métallique de métier, le Genevois Patrick Buri, lui, fait dans le design de gazinières. Comprenez qu’il conçoit et fabrique artisanalement des plaques de cuisson. Des machines de métal balèzes et épurées, brutes et belles, avec des arêtes vives et des brûleurs de compétition, qui donnent illico envie de poêler à feu furieux d’énormes pièces pour 200 convives. Ces cuisinières-là réveillent le Vulcain qui sommeille en nous.

Ces jours-ci, Patrick Buri a du pain sur la plancha. Dès mardi prochain, il expose pour la première fois ses «armes du festin» dans une galerie genevoise. Avec des démonstrations de chacune d’entre elles tous les soirs de la semaine. Du poêlage live. «J’ai demandé à des copains d’intervenir aux fourneaux. Moi, je ne peux pas cuisiner et discuter en même temps», sourit-il. «Mais j’aime l’idée de performance culinaire. D’ailleurs, il m’arrive d’organiser de grandes fêtes ici même, dans mon atelier. A la place des DJ’s, on a des cuisiniers…»

Colossal Stromboli
Aux quatre coins dudit atelier, le visiteur se cogne sur des engins de combustion massive. Ici, un interminable et élégant bar en hêtre, avec quatre gros brûleurs cachés dedans. Pour fricasser en buvant l’apéro à douze. Là, quatre planchas noires, une plaque d’appartement sur roulettes et deux longs gril à brochettes. Sans oublier la colossaleStromboli: deux mètres d’inox et d’angles aigus avec six feux mafflus. Une gazinière de titan. Une plaque de bacchanale. Un monstre à gaz furieusement contemporain.

Impossible, certes, de loger ça dans une cuisine lambda. «C’est plutôt destiné à une utilisation collective, genre cours de cuisine», note le designer. «Mais je construis aussi des choses aux dimensions plus modestes. » Il faut dire que chez lui, l’idée de cuisinière est intimement liée à celle de fête. Alternative, la fête. «Il y a une quinzaine d’années, on cuisinait chaque mardi dans divers lieux occupés de Genève. C’étaient des repas à prix libre, préparés et consommés dans une ambiance festive. Voilà comment je me suis lancé dans les plaques. »

Monsieur Gazinière ne se contente pas de dompter le métal. Fils de deux «bons cuisiniers», marmiton agile lui-même, il aime s’imprégner d’autres cultures lors de longs voyages; il fait son propre vin, issu d’une parcelle genevoise, avec des copains; et apprend tous les lundis à charcuter avec un vieil artisan genevois. «Il me montre comment fabriquer la longeole, la saucisse au chou, etc. » Curieux et polyvalent, le gaillard.

La gamme Fulburi
On l’aura compris, Patrick marche au gaz. Pas d’induction. Pas de vitrocéram. Pas de four non plus, «trop technique». «Le côté mécanique me botte. » Il achète ses brûleurs en France, de grosses pièces usinées. Puis soude et façonne tout le reste. La gamme a désormais un nom: Fulburi. Et des prix. «Pour une plaque à quatre feux, il faut compter 2500 francs; 600 fr. pour une plancha. Ce n’est pas donné. Mais il y a du matériel et pas mal d’heures de boulot. » Du boulot pour lui et éventuellement pour son voisin d’atelier, ébéniste, avec qui il a conçu l’épatanteshabu-shabu, du nom de la fondue japonaise, une spectaculaire table en noyer équipée d’un feu central. Belle bête que l’on brûlerait d’installer au milieu du salon pour festoyer en famille.

Fulburi. Exposition du 16 au 20 novembre 2010, 17-22h, Espaces Ruines, 15, rue des Vollandes. Démonstrations culinaires tous les soirs dès 17 h.

Tendances cuisines 2010

FULBURI LA PUISSANCE D’UN FEU NOUVEAU

Depuis 2001, Patrick Buri, constructeur métallique de profession et gastro cuisot à ses heures, dessine différents type de plans de cuisson. Des cuisinières à quatre ou six brûleurs avec plan de travail intégré, des grills à brochette ringardisant le barbecue usuel ou d planchas à double foyer favorisant un cuisine participative. Testées à l’occasion de performances culinaires pendant toute ces années, les projets Fulburi viennent désormais arroser le marché avec cette idée d’une cuisine commune, où tout le monde vient se rassembler autour d’un feu hypnotique. A utiliser autant en intérieur qu’en extérieur.

L’Hebdo 15.09.2005

L’art met les pieds dans le plat

Cuisine Alliant plaisir des sens et démarche artistique, Cyril Vandenbeusch, Samuel Herzog et Patrick Buri se mettent aux fourneaux. Mireille Descombes a dégusté. Rencontre déroutante à l’occasion de la Semaine du goût.

Comment échapper aux steaks-frites, à l’ambiance brasserie et aux tristes sorbets commerciaux? En allant dans un musée, dans un centre d’art ou dans un théâtre. Scénario fantastique? Pas sûr. L’art et la nourriture forment un très vieux couple qui ne cesse d’inventer des stratagèmes pour se plaire et séduire à nouveau. Appétissantes de réalisme troublant, les fameuses natures mortes hollandaises du XVIIe siècle n’en sont qu’un exemple. L’un des plus sages et des plus classiques puisque l’aliment n’y est encore qu’un sujet.

Aujourd’hui, dans le milieu de l’art, la gastronomie est à la mode et l’interdisciplinarité de rigueur. Un contexte idéal pour toutes les pratiques iconoclastes et transversales. Cyril Vandenbeusch (28 ans), Samuel Herzog (39 ans) et Patrick Buri (35 ans) appartiennent à ces créateurs atypiques. Tous trois, à leur manière, gravitent dans l’orbite de l’espace d’arts contemporains genevois Attitudes. Tous trois ont fait de la nourriture, de la cuisine et d’une forme réinventée de convivialité un point d’ancrage important de leur démarche créatrice.

Ce Genevois n’est pas un bavard. Ses cuisinières n’en sont que plus généreuses. Prenez sa Cuisinière-nomade en inox et mélèze ciré. Avec ses quatre brûleurs de 10 kW chacun et son grand plan de travail, elle nourrit sans peine entre 20 et 150 personnes. Grâce ses pieds démontables, elle se déplace – en camion – pour s’inviter chez les autres. Serrurierconstructeur de métier, proche des milieux artistiques, Patrick Buri l’a conçue pour les grandes fêtes et les communautés. Tout un art de vivre et de fonctionner, d’ordinaire peu pris en compte par les fabricants.

Un brin plus habillée, voici la Cuisinière-bar en inox et hêtre étuvé, un petit bijou de sobre élégance. Là encore un modèle unique. Dans un coin du vaste atelier, son troisième modèle tout noir n’est encore qu’à l’état de prototype. Une cuisinière à charbon qui fonctionne sur le principe d’une forge. Un modèle écologique, voire alternatif, qu’il a amicalement conçu pour Samuel Herzog.

Pour l’instant, Patrick Buri ne cherche pas à commercialiser ses produits. Ce qui l’intéresse, c’est la création. Il imagine, à l’avenir, d’associer par exemple l’eau au feu. Excellent cuistot, il aime aussi concevoir les outils qui lui manquent pour fabriquer ses plats favoris. Si l’on insiste un peu, il vous montre les petits moules rectangulaires destinés à mettre en valeur son riz rose, ou d’autres, plus grands, pour la polenta.